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dimanche 12 décembre 2010

Victim" - performance ZEVS- Sao Paulo- Le 30.11.10




Les mannequins sont-elles les premières "victimes" de l'industrie de la mode? Cela expliquerait pourquoi Zevs, séjournant actuellement à Sao Paulo, au Brésil, a choisi Marina Dias, mannequin brésilien connue pour ses tatouages, pour incarner la femme de ce shooting pas comme les autres.
Dans les beaux quartiers de Sao Paulo, une femme déambule, nue, puis s'écroule au sol, le sang s'écoule, le crime semble signé- siglé d'un LV qui veut dire... d'un célèbre malletier.
A première vue, la performance semble une réponse mi trash mi cynique à celle orchestrée par Vanessa Beecroft au moment où la marque ouvrit son flagship sur la plus belle avenue du monde...On commence dans la volupté et on finit sur le trottoir...
Au-delà, "Victim" synthétise un certain nombre de pratiques récurrentes chez l'artiste au cours de ces dernières années, comme autant de formes d'auto-citations ou de traversées des repères. On y trouve à la fois une référence aux "Visual Attacks", lorsqu'il s'agissait de shooter d'un flash de peinture rouge sang entre les deux yeux le mannequin sur l'affiche, un rappel des fameux logos liquidés qui, de Louis Vuitton à Chanel, en passant par Nike, Mac Donald's, Coca-Cola, UBS ou Lehmann Brothers, ont été vus souvent et copiés parfois, ce même travail de liquidation de logo fait à même le corps nu d'une femme, dans d'autres performances ( j'ai eu déjà l'occasion d'expliciter le sens de ce travail de logo par ailleurs), mais aussi le travail autour du pigment fluoluminescent, aux multiples possibilités visuelles étonnantes, qui tient à la fois de l'univers de la police et du crime -la trace des corps - et d'une certaine émotion -la révélation d'une histoire, une empreinte, une mémoire, un déjà-là...-. Rappelant aussi, par certains aspects, les "ombres" sur les trottoirs de la ville, la boucle est bouclée. Ici, en outre, on aurait mauvais esprit de penser que ce corps recouvert de poudre, abandonné gisant dans la rue puisse suggèrer d'autres industries moins licites que celles de la mode...bref. encore que.
Zevs sait sans doute que le pouvoir réel aujourd'hui n'est ni politique ni religieux mais économique, et c'est à ce pouvoir- là, au travers de la séduction du logo et du luxe incarné comme objet du désir renversé en objet mortifère, qu'il entend s'en prendre ici.
Texte de Marie DEPARIS-YAFIL http://mariedeparis-yafil.over-blog.com